© Histoire naturelle des orangers A. Risso et A. Poiteau


Résumés

 

Session 1 : Tendances de consommation des agrumes frais et transformés

 

Panorama du marché mondial des agrumes : l'évolution singulière des petits agrumes


Eric Imbert
Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France

L'analyse du commerce mondial des agrumes frais durant la période 1970/2000 montre un fort développement, les quantités échangées passant de 5,5 millions de tonnes à environ 9,6 millions.
Toutefois, ce dynamisme apparent est à tempérer. En effet, la croissance observée est sensiblement inférieure à la moyenne de celle du groupe fruits et très en dessous de celle de produits tels que les fruits à pépins, les exotiques ou la banane. Cependant, des disparités importantes existent au sein des différentes familles composant le groupe des agrumes. Si la performance est décevante pour le citron et l'orange, le taux de croissance se montre, en revanche, particulièrement soutenu pour la famille des petits agrumes. Quels sont les fondements, intrinsèques au marché des agrumes, de ce dynamisme exemplaire ?
D'une part, on constate une moindre concurrence frais/transformé que pour les autres agrumes comme l'orange et le citron. Le changement de mode de consommation au profit des jus et autres produits transformés à base d'agrumes n'a que peu affecté les clémentines, mandarines et autres hybrides.
D'autre part, de réels efforts en termes de recherche variétale ont été réalisés. Ils ont permis d'améliorer la qualité des fruits proposés (absence de pépins, taux de sucre, etc.), notamment en début de campagne, permettant des gains sensibles de consommation. Le développement des clémentines précoces au détriment des Satsuma constitue un bon exemple de cette substitution qualitative dans l'UE. De plus, ces innovations variétales ont aussi permis d'allonger sensiblement la période de commercialisation. La large gamme d'hybrides tardifs, pratiquement inexistante dans les années 1980 et qui s'est développée dans les années 1990, représente maintenant environ 15 % des quantités vendues pendant la saison d'hiver sur les marchés de l'UE.
Enfin, les exportateurs se sont montrés particulièrement dynamiques en ouvrant de nouveaux marchés. Les envois de petits agrumes du Bassin méditerranéen se sont développés vers l'Europe de l'Est puis vers l'Amérique du Nord. De même, les exportateurs de l'hémisphère sud ont développé un marché de contre-saison, en particulier en Europe du Nord.
Vont-ils continuer à jouer leur rôle moteur dans l'avenir ? La concurrence des produits transformés à base de petits agrumes devrait rester limitée. La création variétale demeure active et devrait permettre de pourvoir à l'attente en fruits plus colorés et plus sucrés en début de saison et ayant moins de pépins en fin de saison. Les marchés de l'Europe de l'Est restent à développer, en particulier en matière d'hybrides tardifs. De même, de nouvelles perspectives apparaissent sur les gros marchés de consommation d'Asie. Des marges de développement existent dans l'UE sur le créneau de la contre-saison.

 

Evolution de la demande en agrumes frais


Frédérik van der Monde, Univeg, Belgique

 

Politique communautaire en matière agrumes


Raimondo Serra, Direction générale de l'Agriculture, Commission européenne

 

Fruits et légumes et nutrition préventive

Catherine Nicolle **, Christian Rémésy *
* Unité des Maladies Métaboliques et Micronutriments - INRA Clermont-Ferrand / Theix , 63122 Saint Genès Champanelle, France
** Vilmorin Clause & Cie, BP 1, 63 720 Chappes, France

L'effet bénéfique pour la santé d'une consommation de légumes et de fruits est l'un des points importants qui ressort des études épidémiologiques de ces dernières années. Ces produits végétaux exerceraient leurs effets santé par le biais de la fraction non énergétique : fibres, minéraux, micronutriments. Ils peuvent être considérés de ce fait comme des aliments fonctionnels, mais avec une très grande diversité d'impacts au niveau de la sphère digestive, du foie et de la circulation sanguine. Ils contribuent significativement à la fourniture de minéraux et micronutriments, ils jouent un rôle clé dans la protection antioxydante, ils permettent de lutter contre la surcharge pondérale et jouent aussi un rôle majeur dans la prévention du syndrome plurimétabolique. Ils ont également d'autres effets spécifiques par leur pouvoir alcalinisant et leur richesse en phytomicronutriments variés. Pour bénéficier d'une bonne protection, en particulier vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers, la consommation des fruits et légumes doit être non seulement suffisamment diversifiée, mais elle doit aussi fournir au moins 10 % de l'énergie totale ingérée, soit environ 300 g de fruits et 300 g de légumes.

 

Session 2 : Sélection et certification du matériel végétal : vers une nouvelle génération de variétés

 

Les nouvelles variétés de clémentinier


Francisco Llatser, Viveros Avasa, Espagne

 

 

Diversification variétale dans le groupe des mandariniers : les promesses des hybrides triploïdes aspermes

P. Ollitrault *, D. Dambier *, F. Luro **, Y. Froelicher **
* Cirad-flhor Montpellier, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France
** SRA Inra-Cirad, San Giuliano, 20215 San Nicolao, France

Pour le marché du fruit frais, la qualité du produit est en passe de devenir le critère essentiel. La définition de la qualité organoleptique varie entre les différents pays européens. Le sélectionneur doit donc s'efforcer de développer une gamme variétale susceptible de répondre à la diversité de ces perceptions de la qualité organoleptique. L'aspermie, la facilité d'épluchage, la coloration interne et externe et la régularité de l'écorce participent à la définition de la qualité du fruit. Au-delà de l'aspermie des nouvelles variétés, il convient de sélectionner des cultivars incapables de polliniser les variétés auto-incompatibles et en particulier les clémentiniers qui représentent actuellement l'essentiel des vergers de production de petits agrumes dans le Bassin méditerranéen. L'étalement de la production constitue également un objectif très important des programmes de sélection dans le groupe des petits agrumes. Des variétés tardives sont ainsi particulièrement attendues par le marché.
Compte tenu de ces enjeux, les équipes françaises (Cirad et Inra) ont concentré leurs efforts sur la diversification de la gamme des petits agrumes sans pépins sur des critères de qualité élevée, afin d'étendre la période de production et d'éviter les possibilités de pollinisation croisée avec le clémentinier. La recherche de stérilité les a conduit à s'orienter vers la création de cultivars triploïdes. Les plantes possédant trois lots de chromosomes au lieu de deux (diploïde) sont en effet connues pour présenter un fort niveau de stérilité, tant pour les ovules que pour le pollen. Il est ainsi possible de porter, avec plus d'efficacité, l'effort de sélection au champ sur d'autres caractères. Diverses stratégies s'appuyant sur les biotechnologies ont été développées pour obtenir des hybrides triploïdes.
La première stratégie consiste à sélectionner les événements de triploïdisation spontanée. De nombreux hybrides de mandariniers, tangors (mandarinier x oranger) et tangelos (mandarinier x pomelo) triploïdes ont pu être obtenus après hybridation contrôlée, sauvetage d'embryon et sélection par cytométrie en flux. Les premières fructifications ont confirmé le très faible niveau de fertilité de ces hybrides et des fruits aux caractéristiques pomologiques et organoleptiques intéressantes ont été observés. La seconde stratégie s'appuie sur des croisements entre des variétés diploïdes et tétraploïdes. Les parents tétraploïdes sont créés par hybridation somatique ou sont sélectionnés dans des semis nucellaires. Plusieurs dizaines d'hybrides allotétraploïdes et d'autotétraploïdes ont été obtenues. Les premières floraisons de certains d'entre eux cette année ont permis d'aborder la seconde phase de cette stratégie en pollinisant des variétés diploïdes. Enfin, plus récemment a été appliquée une méthode de fusion de protoplastes diploïdes et haploïdes qui permet de synthétiser directement des hybrides triploïdes en conservant l'intégralité de la constitution génétique de cultivars diploïdes présélectionnés. On espère ainsi pouvoir orienter plus efficacement la création de variétés présentant des caractéristiques prédéfinies.
Suite à une première sélection sur les aspects qualitatifs, les meilleurs hybrides issus de ces différentes stratégies feront l'objet d'essais variétaux pour en évaluer le potentiel agronomique. Compte tenu de la phase juvénile de 5 à 6 ans, un minimum de 13 à 14 ans est nécessaire entre la réalisation des hybridations et la vulgarisation d'une nouvelle variété. Au-delà des aspects qualitatifs, des hybridations sont également réalisées avec des géniteurs connus pour leur tolérance à la cercosporiose africaine des agrumes, afin de développer une gamme variétale tolérante à cette maladie qui cause des dégâts considérables en Afrique subsaharienne et qui menace le Bassin méditerranéen.

 

Les porte-greffe, composante clef d'une agrumiculture durable

C. Jacquemond *, F. Curk *, R. Zurru **, D. Ezzoubir ***, T. Kabbage ****, F. Luro *, P. Ollitrault *****
* SRA Inra-Cirad, San Giuliano, 20230 San Nicolao, Corse, France
** Consorzio Interprovinciale per la Frutticoltura, Cagliari, Sardaigne, Italie
*** Direction des Domaines Agricoles, Casablanca, Maroc
**** Domaines Abbes kabbage, Taroudant, Maroc
***** Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France

Les agrumes constituent la première production fruitière au monde, dans une aire de culture comprise entre les 40èmes parallèles nord et sud. Parmi les zones de culture les plus importantes, le Bassin méditerranéen se situe au second rang et présente une grande diversité de conditions pédoclimatiques. Ainsi, on peut y rencontrer un certain nombre de contraintes, telles que salinité, calcaire et sécheresse, réunies sur un même site. Sur le plan phytosanitaire, la tristeza, déjà présente en Méditerranée, constitue une menace grandissante du fait de l'utilisation massive du Bigaradier (Citrus aurantium L.) comme porte-greffe. Enfin, le Bassin méditerranéen s'est spécialisé dans la production et la commercialisation de fruits frais. Les exigences de qualité des fruits pour ce type de marché sont très contraignantes et dépendent en grande partie du choix du porte-greffe. Celui-ci permet l'adaptation des variétés cultivées aux conditions pédoclimatiques ainsi qu'aux pressions phytosanitaires, mais il joue également un rôle important sur les rendements et la qualité interne et externe des fruits. La station de recherches agronomiques (SRA) Inra-Cirad de San Giuliano en Corse a, dès 1964, mis en place les premiers essais de sélection de porte-greffe en association avec le clémentinier (Citrus clementina Hort. ex Tan). Près de 160 porte-greffe ont été testés et évalués depuis. Ces 40 ans d'expérience ont permis de sélectionner pour la Corse deux porte-greffe plus performants que le Bigaradier qui sont le Citrange Carrizo (Citrus sinensis (L.) Burm. x Poncirus trifoliata (L.) Raf.), et le clone Poncirus trifoliata "Pomeroy". Ces porte-greffe ont une mise à fruit plus rapide et des rendements plus élevés pour une qualité des fruits comparable à celle induite par le Bigaradier. Mais la Corse n'a pas les même contraintes que le reste de la Méditerranée, c'est pour cela qu'aujourd'hui la SRA participe à la réflexion sur le remplacement du Bigaradier dans d'autres pays du Bassin méditerranéen. Les premiers résultats d'essais menés conjointement au Maroc et en Italie montrent d'importantes différences de comportement entre les sites pour un même porte-greffe. Ces premiers résultats démontrent la nécessité de poursuivre l'expérimentation multilocale et le travail de sélection dans les zones de production. Des solutions aux contraintes abiotiques méditerranéennes existent en matière de porte-greffe mais elles ne satisfont pas forcément en termes de résistance ou de tolérance aux maladies et ravageurs et en termes de rendement et qualité des fruits. La sélection et l'évaluation de nouveaux porte-greffe ainsi que la création de nouveaux porte-greffe sont plus que jamais d'actualité. Les méthodes d'hybridations somatiques apparaissent particulièrement bien adaptées pour y répondre. Le FLHOR-AG1 (Mandarine commune Citrus deliciosa Tan. + Poncirus trifoliata (L.) Raf.), issu d'un tel programme, est déjà à l'étude et semble prometteur face aux contraintes du Bassin méditerranéen.

 

Comportement des porte-greffe traditionnels sous contraintes abiotiques au Maroc

Driss Ezzoubir, pour l'équipe technique des Domaines Agricoles, Maroc

Le secteur des agrumes au Maroc est d'une grande importance sur le plan socio-économique. Jusqu'à un passé très récent, la quasi-totalité du verger était greffée sur le bigaradier. Ce dernier, bien adapté dans les différents types de sols, a eu de bonnes performances agronomiques et confère une bonne qualité aux fruits. Cependant, le bigaradier donne des combinaisons sensibles à la maladie dite Tristeza. Cette dernière constitue une menace sérieuse pour le verger marocain. La substitution du bigaradier par d'autres porte-greffe tolérants à cette maladie est impérative si l'on veut faire face à cette menace et préserver le secteur agrumicole.
Le manque d'informations sur le comportement, dans les différentes régions de production, des nouveaux porte-greffe réputés tolérants à la Tristeza n'a pas permis de procéder à une reconversion rapide du bigaradier. Les contraintes sont nombreuses : sols calcaires, salinité, hydromorphie, crainte que les nouveaux porte-greffe ne confèrent pas la même qualité aux fruits. Ceci a eu pour conséquence la réticence des producteurs vis-à-vis des nouveaux porte-greffe.
De nouveaux porte-greffe ont été introduits, soit accidentellement, soit volontairement, dans les plantations commerciales. Des essais ont également été mis en place. Ceci nous a permis de suivre, même au niveau des plantations commerciales, les avantages et les inconvénients des différents porte-greffe (vigueur, entrée en production, rendement, profil du calibre, qualité interne et externe des fruits, évolution de la maturité, tolérance au calcaire et à la salinité, sensibilité au Phytophthora etc.) et de formuler pour les producteurs des recommandations.
Le suivi du comportement de ces porte-greffe nous a permis de conclure que le bigaradier peut être remplacé sans risques et même avantageusement par d'autres porte-greffes. Actuellement, l'importance du bigaradier au niveau des nouvelles plantations va en diminuant.

 

Le schéma espagnol de certification variétale


L. Navarro, J.A. Pina, J. Juárez, J.F. Ballester-Olmos, N. Duran-Vila, J. Guerri, P. Moreno, C. Ortega, A. Navarro, J.M. Arregui, M. Cambra, and S. Zaragoza
Instituto Valenciano de Investigaciones Agrarias (IVIA), 46113-Moncada, Valencia, Spain

Le programme espagnol d'amélioration variétale des agrumes a débuté en 1975. Il avait les objectifs suivants : a) d'obtenir des plantes saines des variétés locales par microgreffage d'apex in vitro ; b) d'importer des génotypes étrangers via une procédure de quarantaine basée sur le microgreffage d'apex ; c) de maintenir les génotypes assainis dans un conservatoire de ressources génétiques ; et d) de fournir des greffons sains aux pépinières d'agrumes dans le cadre d'un programme de certification. Les plantes obtenues par microgreffage de méristèmes sont indexées biologiquement par greffage d'inoculation sur les plantes indicatrices suivantes : limettier mexicain, oranger Pineapple, tangor Sweet, Citrus excelsa, cédrat Etrog citron et mandarinier Parson's Specia. De plus, elles sont indexées par électrophorèse ou empreinte/hybridation pour les viroïdes, par PCR pour le Citrus leaf bloth virus, par analyse de l'ARNds pour les virus produisant de l'ARNds durant leur réplication et par immunoempreintes pour le virus de la tristeza. Seuls les génotypes sains sont inclus dans le conservatoire de ressources génétiques constitué d'une collection au champ pour la recherche et les évaluations pomologiques, d'une collection cryopréservée pour la conservation à long terme et d'une collection sous serre insect-proof pour fournir des greffons aux pépinières. Le conservatoire renferme 475 génotypes, 272 sélectionnés en Espagne et 203 importés d'autres pays. 43 espèces du genre Citrus et 33 espèces de 17 genres apparentés sont représentées. La fourniture de greffons sains aux pépinières à partir de ce programme a débuté en 1979. A cette époque, seules 10 pépinières étaient agréées mais leur nombre est passé à 39 ces dernières années. Pour la diffusion commerciale, toutes les pépinières utilisent des greffons issus du conservatoire de ressources génétiques. Depuis le début du programme, environ 92 millions d'arbres certifiés de cette origine ont été plantés en verger. Cela représente plus de 75 % de la filière agrumicole espagnole. Les maladies virales ne causent aucun dommage significatif dans les nouvelles plantations et une large gamme de matériel sain issu des meilleures variétés est disponible pour les agrumiculteurs.

 

Implications de la protection variétale au niveau des opérateurs

Françoise Dosba
UMR 1098, Biologie du développement des plantes pérennes cultivées, ENSA.M - INRA, 2 place viala, 34060 Montpellier cedex 1

L'Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) a pour objet la protection des nouvelles variétés végétales, notamment pour les Citrus. Toute nouvelle variété, pour laquelle une demande a été formulée par son obtenteur ou son éditeur, peut faire l'objet d'un examen DHS (Distinction Homogénéité, Stabilité). Il a pour but de démontrer que la variété en dépôt est distincte de toute autre variété, qu'elle est suffisamment uniforme et reste inchangée à la suite de reproductions ou multiplications successives. Cet examen en vue de l'octroi de droit d'obtenteur est réalisé par des services compétents dans des essais comparatifs en culture et aboutit à la description d'une variété à l'aide de caractères pertinents et essentiels. Le matériel fourni pour l'examen doit être représentatif de la variété et exempt de parasites ou maladies importantes pouvant affecter l'expression des caractères. Des caractères qualitatifs, quantitatifs ou pseudo-quantitatifs de type pomologique sont utilisés pour distinguer les variétés et doivent faire l'objet d'au moins deux campagnes d'observations. De nouveaux types de caractères comme les caractères moléculaires sont envisagés, mais pas encore admis dans le règlement de l'UPOV. Une organisation internationale se met en place pour l'expérimentation DHS. La protection de la variété peut être effective à l'échelon national ou international. En France, le CPOV (Comité pour la protection des obtentionsv) traite toutes les demandes de protection nationale, tandis que l'OCVV (Office communautaire des variétés végétales localisé à Angers) enregistre les demandes de protection pour l'ensemble du territoire de l'Union européenne. L'intérêt de la protection pour les opérateurs est discutée.

 

Session 3 : La qualité dès le verger : impact des maladies et ravageurs

 

Statut actuel des pathogènes des agrumes dans le Bassin méditerranéen

Christian Vernière *, Luis Navarro **, Joseph Marie Bové ***
* Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France
** IVIA, Moncada, Valencia, Espagne
*** INRA et Université Victor Segalen Bordeaux 2, BP 81, 33883 Villenave d'Ornon, France

La production méditerranéenne d'agrumes est très majoritairement dédiée au marché du frais. L'aspect sanitaire des fruits a donc un impact important sur le devenir de la production. Le Bassin méditerranéen est encore indemne de la plupart des maladies importantes, mais les agrumes y sont confrontés à des pathogènes endémiques et à d'autres qui émergent.
Parmi les pathogènes existants, certains peuvent avoir des conséquences graves et leur transmission par insectes vecteurs rend leur contrôle difficile. C'est le cas des virus de la Tristeza et du Vein Enation Woody Gall et du spiroplasme responsable du Stubborn. Présents dans certaines régions de l'Union européenne, ils y ont été déclarés organismes de quarantaine. D'autres pathogènes induisent des symptômes sur agrumes et les dégâts engendrés sont parfois notables dans certaines conditions. Mais ils sont transmis seulement par greffage ou par voie mécanique. On y trouve notamment les viroïdes agents de l'exocortis et de la cachexie, le virus responsable de la psorose et les agents de type viraux causant le concave-gum, le cristacortis ou l'impietratura. L'utilisation de matériel contrôlé indemne de ces maladies transmissibles par greffage permet de diminuer leur présence et même de les faire disparaître progressivement des vergers. Cependant, le contrôle des agents transmis par insectes nécessite la mise en œuvre d'autres moyens pour atténuer leurs effets.
Des maladies fongiques peuvent entraîner des pertes de récolte importantes ou le dépérissement des arbres. C'est le cas du Mal secco dont le champignon responsable, Phoma tracheiphila, est un problème majeur sur citronniers et cédratiers dans certaines régions du Bassin méditerranéen. Par contre, les Phytophthora, agents de gommose et de pourriture racinaire, se retrouvent dans tous les pays agrumicoles. Mais, de bonnes pratiques culturales et l'utilisation de porte-greffe tolérants permettent de bien les contrôler.
Deux maladies virales ont été récemment décrites dans le Bassin méditerranéen. La chlorose nanisante, apparue au milieu des années 1980 en Turquie, affecte principalement les citrons, les pomelos et certaines mandarines. Le virus responsable est transmis par aleurodes et induit des chloroses et panachures sur feuilles et parfois un nanisme sur les jeunes arbres atteints. Le citrus leaf blotch virus a été mis en évidence lors des indexations prévues dans le programme espagnol de quarantaine chez une variété de kumquat induisant une incompatibilité de greffage sur citrange Troyer. Par la suite, il a été détecté chez d'autres variétés d'agrumes.
Les programmes de quarantaine, d'assainissement et de certification mis en place dans certains pays méditerranéens ont contribué à améliorer la situation sanitaire des agrumes et ont révélé de nouvelles contraintes. Ils doivent aussi permettre de prévenir l'introduction de maladies ou de pathogènes économiquement importants causant des épidémies majeures dans d'autres régions du monde : les souches sévères de CTV, le Huanglongbing, la chlorose variéguée, le chancre citrique et la cercosporiose.

 

Ravageurs des agrumes de la Méditerranée

Serge Quilici
Cirad-flhor, Pôle de Protection des Plantes (3P), 7 Chemin de l'IRAT, 97410, Saint-Pierre, La Réunion, France

Si les cultures d'agrumes du Bassin méditerranéen sont sujettes aux attaques d'assez nombreuses espèces de ravageurs, seul un petit nombre d'entre elles est susceptible de constituer des ravageurs-clés.
Parmi les mouches des fruits, la mouche méditerranéenne des fruits ou cératite, Ceratitis capitata, représente la plupart du temps une source de dégâts directs sur de nombreuses espèces et variétés d'agrumes. Les méthodes de lutte contre ce ravageur reposent depuis de nombreuses années sur l'utilisation de traitements par taches associant un attractif alimentaire et un insecticide ou, plus récemment, sur le piégeage de masse à l'aide d'attractifs spécifiques des femelles. La mouche de la pêche, Bactrocera zonata, apparue depuis quelques années en Egypte, représente en outre un risque majeur pour l'ensemble des pays de la région.
Quelques espèces de pucerons peuvent causer des dégâts directs aux cultures d'agrumes, mais le risque majeur est constitué dans certains pays par la capacité de certaines espèces (en particulier Aphis gossypii) de transmettre le virus de la tristeza. Dans de nombreux pays de la région, les cochenilles constituent des ravageurs importants, notamment un certain nombre d'espèces de diaspines, mais aussi certaines lécanides et pseudococcines. Elles sont généralement contrôlées par l'application d'huiles minérales, mais aussi parfois d'insecticides. La teigne du citronnier, Prays citri, est responsable de dégâts plus ou moins importants selon les pays, pouvant parfois affecter fortement la production et nécessitant alors des traitements spécifiques. L'apparition de la mineuse des agrumes, Phyllocnistis citrella, dans de nombreux pays méditerranéens au cours de la première moitié des années 1990 s'est traduite par de nombreux travaux sur les méthodes de lutte chimique ou biologique, afin d'adapter les programmes de lutte intégrée préalablement mis en place. Ceux-ci ont généralement contribué à une nette amélioration de la situation et les dégâts de la mineuse, impressionnants dans les premières années qui ont suivi son arrivée dans les différents pays de la région, sont à présent souvent considérés comme limités en vergers adultes. Par ailleurs, divers acariens Tetranychidae (Tetranychus urticae, Panonychus citri) ou Eriophyiidae (Phyllocoptruta oleivora, Aceria sheldoni) constituent des ravageurs réguliers dont le contrôle nécessite souvent l'utilisation ponctuelle d'huiles minérales ou d'acaricides spécifiques.

 

La cercosporiose des agrumes en Afrique tropicale et subtropicale : une menace pour les régions limitrophes ?

Christian Vernière *, Jean Kuaté **
* Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France
** IRAD, Yaoundé, Cameroun

La cercosporiose des agrumes, maladie fongique causée par Phaeoramularia angolensis, montre une extension rapide sur le continent africain, depuis sa description en 1952 en Angola et au Mozambique. Elle est maintenant présente dans 19 pays d'Afrique tropicale et subtropicale, atteignant à l'ouest la République de Guinée et remontant à l'est jusqu'en Ethiopie et même au Yémen. La production d'agrumes en Afrique tropicale et subtropicale (hormis Afrique du Sud) s'élève à environ 4,9 millions de tonnes (FAO 1999-2000). En Afrique tropicale, les agrumes représentent une culture de diversification par rapport aux cultures de rente et sont issus le plus souvent de vergers paysans. Ils sont une source de revenus par les débouchés sur les marchés urbains croissants et l'exportation. Par ailleurs, Phaeoramularia angolensis est classé comme organisme de quarantaine par l'Union européenne qui prohibe toute importation d'agrumes provenant de régions contaminées.
Les attaques provoquent de 20 à 100 % de pertes de récolte par l'altération ou la chute des fruits précocement atteints. Elles peuvent conduire également à une dépréciation du verger par la chute des feuilles entraînant un lent déclin des arbres. La maladie peut s'exprimer dans des zones allant de 0 à 2 000 m d'altitude, mais les attaques les plus sévères ont lieu à des altitudes comprises entre 600 et 1 000 m, qui sont aussi propices à la production de fruits de qualité. Par ailleurs, la lutte chimique est la seule stratégie développée pour tenter de réduire l'impact de cette maladie, mais elle est polluante et coûteuse et donc mal adaptée à ces pays en voie de développement.
Peu de travaux ont été réalisés sur la cercosporiose des agrumes. Ils ont surtout été menés au Cameroun et aussi au Kenya. Ils ont montré qu'il n'existait pas de résistance marquée à ce champignon ; seuls les satsumas, les pamplemousses, les citronniers et les kumquats expriment une tolérance ou une faible sensibilité. Les principales variétés commerciales (oranges, pomelos, mandarines) sont sensibles. La température et la pluie ont apparemment une incidence sur l'expression de la maladie. Mais très peu de données existent sur les sources d'inoculum, la variabilité des populations et la dissémination de la maladie dans le temps et l'espace. Cette méconnaissance du champignon et des facteurs épidémiques fait que la cercosporiose constitue une menace pour des pays producteurs voisins comme l'Afrique du Sud ou ceux du Bassin méditerranéen.

 

Les mouches des fruits (Diptera, Tephritidae), ravageurs d'importance économique pour l'agrumiculture

J.P. Cayol, W. Enkerlin, A. Bakri, J. Hendrichs
Insect Pest Control Section, Joint FAO/IAEA Division for Food and Agriculture, International Atomic Energy Agency, Vienna, Austria

Les mouches des fruits (Diptera, Tephritidae) d'importance économique sont, dans une grande proportion, des espèces polyphages, dont le nombre de plantes hôtes varie d'une dizaine à plusieurs centaines, comme pour la mouche méditerranéenne des fruits, Ceratitis capitata Wiedemann. Ces espèces hautement polyphages ont, pour la plupart, les agrumes dans leur liste d'hôtes préférentiels. Pour cette raison, sur de nombreux continents, les mouches des fruits comptent parmi les ravageurs principaux des agrumes, causant jusqu'à plus de 80 % de pertes si un contrôle approprié n'est pas mis en place.
C. capitata, originellement appelée " mouches des agrumes ", est l'espèce la plus importante pour l'agrumiculture autour de la Méditerranée, mais aussi pour certains pays de l'Afrique sub-saharienne, pour l'Amérique du Nord (Floride et Californie) où elle fait l'objet d'une surveillance constante, ainsi que pour certains pays d'Amérique latine. En Amérique centrale, l'espèce principale, en plus de C. capitata, est la mouche mexicaine des fruits, Anastrepha ludens (Loew), alors qu'en Amérique du Sud, cet espèce est remplacée par la mouche sud-américaine des fruits, Anastrepha fraterculus (Wiedemann). En Australie, alors que la côte Ouest est occupée en partie par C. capitata, le ravageur principal de la côte Est est la mouche des fruits du Queensland, Bactrocera tryoni (Frogatt). En Asie, les principales mouches des fruits responsables de dégâts sur agrumes appartiennent au complexe de la mouche orientale des fruits, Bactrocera dorsalis (Hendel).
Diverses méthodes spécifiques de lutte ont été développées et appliquées avec succès à grande échelle contre ces ravageurs des agrumes. La technique de l'insecte stérile (SIT), mise au point dans les années 1950, a notamment été utilisée contre C. capitata, B. dorsalis, B. tryoni et A. ludens. La technique d'annihilation des mâles (MAT), basée sur l'attractivité du méthyl-eugenol ou du cue-lure pour les mâles de certaines espèces de Bactrocera, a été développée dans les années 1940. Cette méthode a été utilisée notamment pour lutter contre B. dorsalis, à Hawaii et en Californie. La technique d'application d'appâts empoisonnés (" Bait Application Technique " ou BAT), développée dans les années 1950, bien que moins spécifique, a été utilisée à Hawaii contre B. dorsalis et en Israël où elle est la seule méthode utilisée dans les vergers commerciaux d'agrumes contre C. capitata. Malgré la disponibilité de ces techniques, des techniques plus conventionnelles sont encore utilisées dans certains pays où l'épandage d'insecticide conduit à des phénomènes de résistance et d'apparition de ravageurs secondaires, tels que la mineuse des agrumes, Phyllocnistis citrella (Stainton).
Durant les dernières décennies, les stratégies de lutte utilisant la SIT, la BAT ou la MAT avaient pour objectif majeur l'éradication de l'espèce cible d'une zone ou d'un pays donné. Depuis les années 1990, l'amélioration des techniques et la diminution des coûts ont permis de rendre économiquement rentables d'autres stratégies de lutte. Ainsi, la SIT est aujourd'hui souvent utilisée à des fins de suppression des populations de l'espèce cible à grande échelle, intégrant souvent d'autres méthodes telles que la BAT dans une approche de lutte intégrée. Dans certains cas, ces méthodes sont même utilisées à titre préventif. C'est le cas notamment de l'utilisation de la SIT contre C. capitata en Californie ou de la MAT contre la mouche de la pêche, Bactrocera zonata (Saunders), en Israël.
Les différents aspects des Tephritidae en tant que ravageurs des agrumes, ainsi que les méthodes et stratégies de lutte associées, sont présentés.

 

Session 4 : Politique de labellisation en Corse et en Espagne

 

Les politiques de promotion dans le secteur des agrumes


Octavio Ramon, Président CLAM, Président CGC, Vice-Président Intercitrus, Espagne

 

Un exemple de segmentation par l'origine : l'indication géographique protégée (IGP) "Clémentine de Corse"


D. Agostini *, JA. Prost **, F. Casabianca **, J. Bouffin *
* SRA Inra-Cirad, San Giuliano, 20230 San Nicolao, Corse, France
** Laboratoire de Recherche sur le Développement et l'Elevage (LRDE) INRA, Corte, Corse

La clémentine constitue une part importante de l'économie de la Corse. Pendant de nombreuses années, sa commercialisation avec feuille, interdite aux autres origines, lui a permis d'être largement rémunératrice. Cette feuille était devenue le symbole de la clémentine corse. De plus, la Corse étant la seule région de France métropolitaine productrice d'agrumes, les régulations nationales étaient de fait décentralisées.
Fin 1993, une modification du règlement phytosanitaire européen a fait perdre aux producteurs de Corse l'exclusivité de la vente de clémentine " avec feuille ". Entre temps, certains groupements de producteurs avaient incité à la plantation de cultivars espagnols réputés plus productifs. Cette stratégie d'imitation les exposait alors à une concurrence accrue face aux pays à bas coûts de production (Espagne, Maroc). De 1994 à 1998, un programme de recherche, incluant une analyse de la filière, visait à identifier les raisons de la très mauvaise valorisation du produit ayant conduit à une réelle mise en danger du système de production corse (Agostini et al., 1996 ; de Sainte Marie et al., 1999). Pour la clémentine de Corse, la détérioration de la confiance du consommateur et du négociant (aux différents niveaux) envers le produit attendu était devenue une raison principale de sa désaffection au profit d'autres origines. Les causes de l'extrême variabilité de la qualité des lots commerciaux, qui a terni l'image traditionnelle de la clémentine produite en Corse, relevaient tout autant de facteurs liés aux pratiques culturales, aux modes d'organisation, qui sont ceux des structures locales de conditionnement et de mise en marché, que des différentes formes de relations entre les acteurs.
En juin 1999, la présentation de ces résultats en " Journée Technique " suscita une prise de conscience brutale : garantir l'identification entre un produit spécifique et une zone de production nécessite de mobiliser des dispositifs juridiques et institutionnels appropriés. C'est ainsi que la profession agrumicole corse fut conduite à s'engager dans une démarche de certification d'origine avec une demande d'IGP " Clémentine de Corse ". De fait, la mise en place d'un tel signe de reconnaissance conduit bien à identifier un segment de marché de la clémentine permettant à la fois de sortir d'une situation de concurrence potentielle et de conduire à une meilleure valorisation du produit.

 

Session 5 : Techniques innovantes de production du jus et biodisponibilité des micronutriments

 

Contraintes et perspectives pour les traitements des jus d'agrumes

Max Reynes
Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France

La demande faite par les consommateurs d'avoir des produits transformés aux qualités proches de celles des fruits frais est de plus en plus forte pour les jus de fruits. Les pur jus prennent le pas sur les nectars par exemple. En effet, les aspects organoleptiques et nutritionnels deviennent des critères déterminants dans le choix des technologies d'extraction, de stabilisation, de concentration, mais aussi d'emballage pour pouvoir garantir, in fine, des produits de qualité au consommateur.
Les jus d'agrumes, potentiellement très riches en micronutriments et vitamines, sont pris en exemple pour montrer les différentes voies de stabilisation possibles pour garantir une qualité des produits, tant au niveau nutritionnel qu'organoleptique pour des consommateurs qui sont en général éloignés des zones de production.
Les perspectives de nouveaux procédés seront évoquées en vue de pouvoir entrevoir les axes de coopération et de recherche qui pourraient se développer entre les principaux acteurs de la filière des agrumes.

 

Application du procédé de Flash-Détente® sous vide aux agrumes pour la préparation de purées, nectars et huiles essentielles

Pierre Brat
Cirad-flhor, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France

La flash-détente® sous vide, une nouvelle alternative aux techniques traditionnelles de blanchiment-broyage, est un procédé consistant à étuver le matériel végétal (fruits, légumes) à 60-90°C puis à l'introduire brutalement dans une chambre sous vide poussé (30-50 mBar). Lors de la détente sous vide, l'évaporation instantanée d'une fraction de l'eau de constitution (environ 10 %) entraîne une désagrégation du matériel végétal suite à l'expansion, avec formation de micro-canaux intercellulaires.
Ce procédé adiabatique, mis en œuvre sur les citrons, a permis d'obtenir, après raffinage, des purées ayant des caractéristiques particulières par rapport aux jus et purées obtenus par un procédé traditionnel. Les purées flash-détente® présentent des consistances et viscosités très nettement supérieures aux produits de référence, suite à l'incorporation d'une partie de l'enveloppe externe des fruits et donc à des teneurs en parois cellulaires plus élevées, mais aussi de par l'accroissement de l'espace intercellulaire au niveau de la lamelle moyenne. Les purées flash-détente® présentent aussi des colorations plus claires et plus intenses suite à l'incorporation de tissus blanchâtres (albedo) provenant de l'enveloppe externe des fruits, avec cependant une nécessité de désamérisation de la purée flash-détente®.
Enfin, des huiles essentielles ont été récupérées par application du procédé de flash-détente® à des écorces d'agrumes (citron, orange douce, mandarine et pomelo) avec des rendements comparables aux procédés d'extraction traditionnels. En comparaison avec des huiles pressées à froid, elles sont enrichies en hydrocarbures terpéniques et appauvries en composés oxygénés.

 

Applications des techniques membranaires au traitement des jus de fruits tropicaux

Manuel Dornier
Cirad-flhor / Ensia-Siarc, TA 50/PS4, 34398 Montpellier cedex 5, France

Les jus de fruits tropicaux représentent un enjeu économique considérable pour de nombreux pays producteurs. En effet, le développement des marchés locaux et des marchés d'exportation est constant depuis plusieurs années. Toutefois, la demande s'oriente vers des jus de fruits de bonnes qualités sensorielle et nutritionnelle et vers des produits de plus en plus diversifiés. Dans ce contexte, le potentiel des techniques membranaires est important. Face aux procédés conventionnels, elles sont souvent plus respectueuses de la qualité des jus de fruits. De plus certaines d'entre elles présentent un grand intérêt pour le développement de nouveaux produits. Les travaux entrepris depuis 1995 visent à évaluer principalement 3 techniques membranaires dans une perspective d'utilisation industrielle : la microfiltration tangentielle sur membrane céramique pour la clarification ou la stabilisation à froid de jus de fruits tropicaux pulpeux, l'évaporation osmotique pour la concentration des jus à basse température et plus récemment l'électrodialyse pour la désacidification de jus particulièrement acides.
Pour la production de jus de fruits clarifiés, la microfiltration tangentielle présente l'avantage d'être une opération continue. En utilisant une membrane appropriée, elle permet également une rétention totale des microorganismes et donc de stabiliser le produit sans chauffage. La plupart des jus de fruits tropicaux sont très riches en pulpe. Afin de limiter leur viscosité et le colmatage des membranes, le couplage avec un traitement enzymatique adéquat est proposé (enzymes libres ou fixés en bioréacteur). Après optimisation des conditions de traitement, nous avons montré qu'il était possible d'obtenir des jus clarifiés de qualité intéressante à partir de nombreux fruits comme le fruit de la passion, la mangue, la banane, les agrumes ou l'ananas.
La concentration est une opération primordiale dans l'industrie des jus de fruits tropicaux car elle permet de limiter les frais de transport et de stockage. La technique actuellement la plus utilisée pour la concentration est l'évaporation thermique. Bien qu'elle soit réalisée sous vide, cette technique conduit invariablement à une dégradation de la qualité des produits. Afin de mieux préserver les caractéristiques du fruits frais, un nouveau procédé de concentration à froid est en cours d'étude : l'évaporation osmotique. Cette technique consiste à intercaler une membrane poreuse hydrophobe entre le jus de fruit à traiter et une solution saline concentrée. La différence d'activité de l'eau entre les deux solutions crée un gradient de pression de vapeur dans les pores de la membrane qui restent remplis d'air. Ce phénomène spontané conduit à un transfert d'eau du jus de fruit vers la saumure sans qu'il soit nécessaire de chauffer le produit. Des essais réalisés de 25 à 30 °C sur divers jus de fruits montrent qu'il est possible d'atteindre avec cette technique un extrait sec soluble au moins égal à 60 %. Les débits évaporatoires obtenus sont voisins de 0,6 kg.h-1.m-2 dans des conditions industrielles et de l'ordre de 10 kg.h-1.m-2 en laboratoire. Les analyses sensorielles montrent, par rapport à la concentration thermique, une amélioration de la couleur, du goût et de l'arôme du jus de fruit. La vitamine C contenue dans le produit est conservée du fait de la faible température de traitement.
L'acidité très élevée de certains fruits, comme le fruit de la passion, limite l'utilisation du jus pour l'aromatisation par exemple de boissons. La mise au point de techniques de désacidification qui conservent les caractéristiques aromatiques du jus initial doit permettre de développer des produits mieux adaptés à ce type d'utilisation. Les études en cours montrent que l'électrodialyse présente un fort potentiel dans ce domaine. Evaluée en utilisant diverses configurations (membranes homopolaires et bipolaires), cette technique permet de désacidifier le produit sans modifier de façon significative son profil aromatique.

 

Nouveau système haute capacité de pelage des agrumes


Mohamed A. Ismail, FDOC, USA

Fresh cut fruits and vegetables are among the fastest growing categories in the food industry. In the U.S., sales of fresh-cut produce reached $12 billion in 2000 (Produce Marketing Association, 2000), and more than doubled from $5 billion in 1995 to $10.5 billion in 1999. Fresh-Cut fruits and vegetables are increasingly more visible in the produce department of most supermarkets. Attractively packaged watermelon, cantaloupe, pineapple and honeydew melons are at the top of fresh-cut fruit category. Consumer demand for convenience is the driving force behind this phenomenal growth. Citrus fruit, however, did not participate or contribute to the growth of the fresh-cut fruit category.
The decline in consumption of fresh citrus, particularly grapefruit in the U.S. prompted the Florida Department of Citrus to initiate a project aimed at developing a citrus peeling machine to enhance convenience and increase consumption. In 1998, a single tabletop peeling unit/head was built and tested on water infused fruit with limited success. Heinzen Manufacturing International of Gilroy, California constructed a two-head peeling system consisting of a hopper, a two-lane singulating conveyor and a PLC indexing mechanism. The two-head system was tested on enzyme-softened 'Valencia' oranges and grapefruit, and was successful in peeling 50 fruit per minute. The new peeling unit is relatively small with a footprint of approximately 1ft2 (0.09m2). It consists of a set of six blades mounted on spring-loaded stainless steel members. The blades score the peel to a depth of 1-2mm. As the fruit clears the blade mechanism, it is impaled with a six-member barb mechanism, which removes the peel from the majority of the fruit. A special roller conveyor separates the peel from partially peeled fruit.
The peeling machine is patented by the Florida Department of Citrus and its domestic usage was granted to two United States companies, Del Monte Fresh Produce of Coral Gables and Golden Groves of Fort Pierce, Florida. Del Monte will soon be installing a citrus peeling system in Florida with a projected capacity of approximately 2700kg. peeled fruit per hour. Licensing of the peeling machine for use overseas is still open.

 

 

Observatoire des marchés - Revue FruiTrop
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